Le château de Curtilles (auf deutsch)

A gauche, vue aérienne avant les travaux de restauration (2002), à droite en 2004

curtilles

Autres vues aériennes de Curtilles



Le Château actuel de Curtilles tire son origine d'une "maison carrée" reconnue en 1542 par Aymée de Villarzel en faveur de LLEE. de Berne. A une date inconnue, la propriété passa au neveu d'Aymée, Français de Villarzel, seigneur de Delley, commayor de Lucens qui épousa en 1577 Suzanne, fille de Nicolas de Graffenried, conseiller et trésorier de Berne. François de Villarzel, qui avait endossé également la fonction de châtelain de Lucens, dirigea de 1579 à 1587 environ, la reconstruction partielle du château de Lucens pour LLEE. Les travaux qu'il entreprit à sa maison de Curtilles suivirent d'assez près ceux qu'il supervisa pour le gouvernement.

Quelques décors avant les travaux

Un peu d'histoire

Le décor le plus ancien conservé à l'intérieur portant la date de 1586, le gros oeuvre doit avoir débuté au plus tard en 1584. En 1589, date gravée sur le linteau de la parte d'entrée de la tour d'escalier, mourut Français de Villarzel. Dans son testament, il chargea son épouse de poursuivre les travaux. Sur la base de ces quelques indices et des analyses matérielles de l'édifice, on peut admettre pour hypothèse que Français de Villarzel fit reconstruire presque entièrement le bâtiment principal, dont les faces sud, ouest et nord sont homogènes, en réutilisant néanmoins pour la face orientale un mur qui avait servi auparavant de façade pignon occidentale - ou éventuellement de mitoyen - à une maison de type paysan située plus à l'est, à l'emplacement du rural actuel. François de Villarzel fit reconstruire également le rural contigu, dont les maçonneries sont liées à la tour d'escalier. A l'intérieur du château, il fit exécuter un important décor peint, à rinceaux et architecture feinte en grisaille, sans doute par Andreas Stoss, qui travaillait alors au château de Lucens. Suzanne de Graffenried conserva l'administration des biens de son époux jusqu'en 1607 en tout cas. L'un de ses fils, Jean, ayant épousé en 1601 Judith de Jeffrey, il est probable que le couple se soit alors déjà établi au château de Curtilles. C'est en effet certainement Jean qui commanda le second décor peint, souvent figuratif, qui agrémente un grand nombre de pièces, puisque les armoiries de Villarzel et de Jeffrey se voient au-dessus de la porte de la grande salle du 1er étage.
Il fit sans doute appel à son demi-frère, Claude. Cet artiste exécuta notamment un décor de même type dans une maison de Rue, propriété de François de Maillardoz et de son épouse Catherine, fille de François de Villarzel et de sa première femme, Barbille d'Erlach. A la mort de Jean en1630, la propriété passa à son fils Jacques-Français, puis en 1668 à la fille de celui-ci. Dès les années 1630, la situation financière de la famille semble s'être dégradée. Dès cette période également et jusqu'à la récente restauration de 2003 - 2005, le château de Curtilles ne subit plus que des aménagements utilitaires et d'importance secondaire. En 1736, le domaine fut vendu au notaire Siméon Briod, de Lucens, receveur du baillage. En 1819, il appartenait aux hoirs de Jean-Rodolphe Briod de Lucens. L'ensemble resta alors aux mains de l'hoirie Briod, puis Déglon jusqu'en 2002, date de l'achat par Anne-Françoise et Pierre de Graffenried. Au milieu du XlXe siècle, le rez-de-chaussée reçut des aménagements de type paysan, surtout dans la travée nord qui avait servi jusqu'alors de local utilitaire, accessible par une porte cintrée située dans la façade ouest. On y créa une cave voûtée en abaissant le sol de la moitié orientale et l'on aménagea deux chambres dans la moitié occidentale en perçant trois fenêtres rectangulaires dans la face ouest. Enfin, il reste à signaler pour le début du XXe siècle, la création de quelques percements en ciment dans la face ouest, notamment la transformation de l'accès extérieur à la cuisine du 1er étage et la construction de diverses annexes, surtout un pont de grange vers 1910.

Extrait des Monuments d'art et d'histoire du canton de Vaud, VIII, à paraître.

Le château :

Les deux niveaux supérieurs constituaient le logement seigneurial, qui se signalait en façade par ses fenêtres à croisée de pierre, encore présentes au second étage. Le rez-de-chaussée, plus bas et très simple, était dévolu dès l'origine à l'intendant.
L'entrée de la tour d'escalier, datée de 1589, est surmontée d'une belle pierre aux armes d'Aymon de Montfalcon, évêque de Lausanne de 1491 à 1517. Insérée ultérieurement, cette pierre provient sans doute l'ancien château de l'évêque, construit probablement au XIlle siècle sur la butte située derrière le château actuel, et dont les matériaux ont servi au XVIe siècle à l'agrandissement du château de Lucens.
La remarquable tour d'escalier carrée, à paliers voûtés d'arêtes, est un élément moderne pour cette époque. Les trois portes superposées donnaient sur des galeries de bois, disparues, qui supportaient les latrines. Les galeries ont été reconstituées lors des travaux de restauration 2003-2005.

Au premier étage, l'espace de distribution du logement seigneurial permet l'accès à la cuisine au centre (corbeau de cheminée du XVIe s.), à deux pièces à gauche (poutres moulurées du XVIe s, armoires du XVIlle s.), et à une ancienne pièce d'apparat à droite (peintures vers1600, plafond à la française, grande cheminée manquante, sol en terre cuite daté de 1678).
Cette pièce a été amputée d'un quart de sa surface par le déplacement d'une paroi d'origine, en planches moulurées, au profit d'un local aménagé en grenier.
Le second étage, inhabité depuis plus de deux siècles, a servi de dépôt, de grenier et de séchoir à tabac.

Son intérêt réside dans son authenticité, en particulier de son décor peint exceptionnel, datant des environs de 1600, qui orne l'espace central et les deux pièces de gauche. Constitué en partie 4 motifs architecturaux en grisaille, peints en trompe-l'oeil, il compte au minimum deux étapes, bien visibles en particulier sur la paroi en colombages de l'espace central. La pièce de droite ne montre qu'un simple décor de fausses pierres autour des deux fenêtres à croisée.

Bibliographie

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