Les projets les plus lucratifs ont parfois une naissance curieuse. Carla Santos Shamberg, productrice, subi une séance chez sa chiropraticienne quand celle-ci mentionne une autre de ses patientes, nommée Erin Brockovich. "Son histoire ferait un bon film", plaisante la doctoresse. Miss Shamberg invite, sait-on jamais, la fille en question et elle est autant séduite par le personnage hors du commun qu'elle voit débarquer que par son étonnante histoire.
Erin est une fille un peu vulgaire. Elle parle comme un charretier et arbore des tenues s e x y dont l'étroitesse n'a d'égale que leur mauvais goût. Mais surtout, Erin n'a pas de chance. Elle n'a déjà pas grand chose et un accident de la route achève de la mettre sur la paille. Mais Erin a une qualité: elle est têtue. Elle parvient à se faire engager par l'avocat qui l'avait mal défendue et découvre par hasard un dossier qui a le poids d'une bombe. Une grosse entreprise aurait pollué sciemment une nappe phréatique, provocant une terrifiante ribambelle de maladies dont les seuls noms font frémir. Erin tient sa revanche sur la vie et ne va pas laisser passer sa chance.
Erin Brockovich consacre définitivement Julia Roberts comme la nouvelle femme à poigne de Hollywood. Finie l'époque difficile où ses plus beaux rôles (Mary Reilly) n'attiraient plus que quelques curieux. Dans ce film du très habile Steven Soderberg, la voilà partie, sur la lancée de Ma meilleure ennemie, pour une suite de carrière qui s'annonce grisante sur le plan artistique et fort lucrative en sus, ce qui ne gâte rien.
Nicolas Kissling