Le château de Arnex (auf deutsch)


Arnex
Arnex

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Le bâtiment appelé actuellement Château d’Arnex est en fait une maison de maître datant du début du XVIIème siècle et agrandie à de nombreuses reprises au cours des ans. L’ancien château d’Arnex n’existe plus ; il est tombé en ruines après le départ des Nobles d’Arnay vers Orbe ou Lausanne. Même ses murs ont disparu, les pierres ayant été peu à peu récupérées pour édifier de nouvelles constructions au village. Cet ancien château se dressait sur Cheneaux, très proche de la maison de Jean-Louis Monnier, au sud du petit étang du moulin creusé beaucoup plus tard.

Les grandes périodes de l’histoire du château
La première construction se situe vers 1600, effectuée par Hans Rudolph Horn ou Georges-François Thomasset [ ?] ; en 1669 arrive Daniel Imhoff, suivi des Jenner et des Kilchberger, puis, de 1746 à 1788, la famille de Chaillet d’Arnex s’y installe. De 1788 à 1918, on trouve les familles Glayre et de Lerber et enfin, de 1918 à nos jours, la famille Morel, sur cinq générations.

Le premier constructeur du château : Hans Rudolph Horn ou Georges-François Thomasset ?
Diverses archives signalent que les 18 et 19 mars 1604, Georges-François Thomasset vend à Hans Rudolf Horn la Maison et Mayorie d’Arnex, ainsi que la grande Maison dudit Thomasset avec ses franchises et libertés, la grange, l’étable, le four et le colombier. S’agit-il de cette maison, transformée ensuite par H. R Horn, ou d’une autre maison du village ? Pour l’instant la question reste encore difficile à trancher, l’acte de vente ne précisant pas l’endroit exact où se situe la maison vendue.

Arnex 1810

Arnex vers 1810

En 1604, H. R. Horn acquiert les biens de Suzanne Mousequin, femme de Zacharie d’Arnay. En 1611, il va encore acquérir d’autres droits de Marguerite Monney, fille de Jaques Thomasset et épouse d’Egrège Pierre Monney, notaire d’Eclépens, l’ancêtre de la famille Monnier d’Arnex.
Mais revenons à Hans Rudolph Horn dont la fille Elisabeth épouse Samuel Freudenreich (1596-1643), fils de Peter, qui fut notaire, membre des Deux-Cents en 1621, gouverneur de Payerne en 1626, du Petit Conseil en 1639 et intendant des bâtiments en 1642. Leur fils Samuel (1631-16..) se mariera deux fois, mais n’aura pas de descendants.
Devenue veuve, Elisabeth épouse en secondes noces Hans Georg Imhoff (1596-1657), veuf lui aussi depuis 1644. Hans Georg, venant d’Aarau, est bourgeois de Berne ; il sera bailli de Wengen et Lenzbourg en 1656 et 1657. Il fait de nombreuses acquisitions dans la région, tant auprès de Hans Rudolf Stürler, baron de Belp et Seigneur de Rossens, que des propriétaires du village, créant ainsi la base des propriétés de la famille Imhoff dans la région. Cette série de propriétés et de droits permet l’arrangement historique de 1669 entre son fils Daniel et LL.EE.

Daniel Imhoff
Daniel Imhoff (1633-1713), fils de Hans Georg Imhoff, est bailli de Grandson de 1665 à 1670, puis de Lausanne en 1674. En 1685 il est envoyé à Genève pour étudier la défense de cette ville contre Louis XIV. Enfin, il est directeur du sel en 1698 et banneret en 1710.
Il épouse Barbara Steiger en 1655 et ils ont quatre enfants : Niklaus, né en 1657 et qui meurt à un an, Barbara en 1658, Emmanuel en 1660 et Katharina en 1662. C’est par cette dernière que le château passera plus tard aux Kilchberger, puis aux Jenner. Balthasar Imhoff (1637-1711), frère de Daniel, fut bailli de Chillon en 1684.
Cette branche de la famille Imhoff s’est éteinte en 1892 avec Balthasar Albrecht (1823-1892). On en trouve la généalogie dans le Wappenbuch der Stadt Aarau de 1917, disponible à la BCU de Lausanne.

Dans un important traité passé avec LL.EE. en l’an 1669 (que le lecteur trouvera en annexe), Daniel Imhoff garde la propriété du château d’Arnex et de diverses terres ; de plus, il bénéficie du tiers de tous les cens d’Arnex en échangeant avec LL.EE. d’autres biens et cens qu’il possédait dans les localités de Romainmôtier, Croy, Juriens, Bretonnières, Premier et Agiez.
Il est noté dans ce traité que :
Le Seigneur Bally Imhoff aura et possédera la dite Maison d’Arnex. Les clos jardins et appartenances d’alentour avec le droit de la basse juridiction.
La dite Maison, clos, jardins et terres et ses appartenances jouxte le grand chemin tendant d’Orbe à la Sarraz devers occident le chemin public, la grange du Dixme de LL.EE. d’Arnex, le jardin de Michel Bovet et l’oche des hoirs de feu Moyse Monney touchant les jardins du Seigneur Imhoff le tout devers vent le clos de Jean-François Roy au dessous du jardin de là descendant le long de l’issue appartenant au seigneur Imhoff et celle du noble Olivier Thomasset jusqu’à l’endroit des toches et terres de Jacques Oulevey, jusqu’à la fin de la terre de Jean Bovet le tout d’orient.
Et plus les terres et prés des particuliers d’Arnex de revers bise. Soit environ 18 poses.
En 1689, par l’entremise du notaire Verchière, il rénove ses cens et transforme celles d’avoine en froment.

Les transformations des bâtiments à cette époque sont fort importantes.

Arnex 1810

La façade

Les Jenner et les Kilchberger, de 1713 à 1746
Pour trouver des données sur la période située entre la mort de Daniel Imhoff en 1713 et la vente du château par Charles-Emmanuel Jenner à Jean Chaillet en 1746, il faut se rendre aux archives de la Bibliothèque des bourgeois de Berne où, grâce aux fiches de Von Rodt (Genealogien burgerlicher Geschlechter der Stadt Bern),  on découvre la généalogie de ces différentes familles.
Au décès de Daniel Imhoff (1713), la propriété du château a sans doute passé à sa fille Katharina Imhoff (1662-1742), qui avait épousé en 1677 Johannes Anton Kilchberger (1655-1716). Effectivement, selon l’acte rédigé par le notaire Abraham Monnier, le 29 octobre 1715, les communiers d’Arnex acceptent un
Acte d’association en faveur de Noble Magnifique Généreux et Puissant Seigneur Jean Anthoyne Kilchberger Seigneur de Bremgarten et du Conseil étroit de l’illustre Ville, République et Canton de Berne et Seigneur Banderet de dite ville dans le nombre des communiers d’Arnex.
Sa fille, Katharina Kilchberger, reprend la propriété et épouse Johannes Jenner (1669-1742). On sait que ce dernier a été bailli de Sumiswald en 1728 et qu’il prend même le titre de Seigneur d’Arnex grâce aux propriétés de sa femme. Ils ont trois enfants : Karl Emmanuel (1721-1803), Elisabeth qui épousera Bernard Kilchberger et Marianne, épouse de Niklaus Kilchberger (1699-1762), un cousin de Bernard.
C’est sans doute cette dernière qui hérite du château puisque son mari Niklaus Kilchberger entreprend en novembre 1743 toute une série d’échanges de terrains avec six autres propriétaires du village, avant de vendre la propriété en 1746 à son beau-frère Karl Emmanuel qui la cède la même année à Jean Chaillet de Neuchâtel.
Après avoir vendu le château d’Arnex, Nicolas Kilchberger se lance dans un grand projet, la transformation du château de Guévaux situé dans le Vully, avec son cousin et beau-frère Jean-Bernard (voir la RHV 1997, p. 149), et il devient bailli d’Avenches cette même année. Un de ses grands-oncles, Johan-Rudolf, fut bailli de Chillon en 1648, mais la famille s’est éteinte en 1838.

Dans son Dictionnaire historique et géographique, Mottaz écrit que les droits d’Arnex parvinrent ensuite à Nicolas Kilchberger (1699-1762), bailli d’Avenches qui les vendit en 1746 à Charles-Emmanuel Jenner qui les céda la même année à Jean Chaillet.
Quelques documents relatent la vente de Nicolas Kilchberger à Charles-Emmanuel Jenner en 1746 et de ce dernier à Jean Chaillet la même année. Dans le terrier d’Arnex de 1718 à 1745 est notée la liste des cens dues à M. Jenner rière Arnex, et dans le registre des frettes du village d’Arnex de 1727 sont cités les bâtiments de Monseigneur Jenner.
Voici donc un peu éclaircie cette période très complexe où se côtoient et se croisent des Imhoff, des Kilchberger et des Jenner de différentes générations.

De 1746 à 1788, la famille de Chaillet d’Arnex
En 1746, Jean Chaillet (1686-1747), de famille neuchâteloise (La Coudre), achète le château et les cens d’Arnex à Charles-Emmanuel Jenner. Après son décès en 1747, la propriété passe à son frère Henri-Nicolas Chaillet (1702-1776), anobli en 1753 par le roi de Prusse Frédéric II avec concession d’armoiries. Dès lors cette branche de la famille Chaillet prend le titre de Chaillet d’Arnex.

Arnex

Henri-Nicolas de Chaillet d’Arnex (1702-1776)

Henri construit la manufacture d’indiennes de Grandchamp en 1761. Il est Conseiller d’Etat de 1748 à 1765, à Neuchâtel.
Selon nos archives, Frédéric Chaillet (1744-1817), le fils d’Henri Chaillet, a de nombreux démêlés avec LL.EE. au sujet des droits de sa propriété et de la possibilité de vendre le vin de son domaine durant le mois d’août dans la région. Il entre aussi en conflit avec les autorités d’Arnex pour avoir vendangé avant la levée des bans. Il fait rédiger de nombreux actes notariés pour justifier ses droits, mais, débouté par LL.EE., il finit par vendre son domaine à Pierre-Maurice Glayre en 1788. L’inventaire des meubles en est assez impressionnant.
Du passage des Chaillet, notons la fontaine de la cour et ses armoiries, plus très lisibles aujourd’hui, ainsi que peut-être dans la chambre à la plaque, le poêle en catelles : il doit être l’œuvre de Jean-Albert Pavid, qui travaillait de 1740 à 1768.

La famille de Chaillet d’Arnex s’est éteinte en 1870.

De 1788 à 1918, les familles Glayre et de Lerber
Le 20 novembre 1788, Pierre-Maurice Glayre achète le château d’Arnex à Frédéric de Chaillet d’Arnex pour 58'500 francs de 10 batz. Il faut y ajouter une maison à Romainmôtier, acquise de ses tantes en 1787, puis, en 1807, d’autres champs : au Pré des Puits et en Bioute.

Pierre-Maurice Glayre est né le 25 juillet 1743 à Romainmôtier ; il décède le 26 mars 1819. Fils et petit-fils de pasteur, il perd son père à six mois et sa mère à six ans. Élevé par oncles et tantes, il fait ses études à l’Académie de Lausanne. Il est appelé en 1764 par le roi de Pologne Stanislas-Auguste en qualité de secrétaire privé de son cabinet. En 1768, il est secrétaire de délégation à Saint-Pétersbourg avec le diplôme de Conseiller privé du roi Stanislas.
Sur le plan politique, il s’engage pour la libération du canton de Vaud et préside le Directoire helvétique en 1798 et 1799. Il est député au Grand Conseil du nouveau canton de Vaud de 1803 à 1813. Franc-maçon convaincu, il organise des loges en Pologne et dans le canton de Vaud et préside le Grand Orient national helvétique romand en 1810.
En 1787, il revient en Suisse et se marie avec Mlle Marie-Bartholomé de Crousaz. Ils auront deux enfants, Suzanne qui reçoit la propriété du château à la mort de son père, gérant le domaine agricole et viticole avec son mari, et Stanislas Sabin qui décède en 1804 à l’âge de 13 ans.

Suzanne de Lerber-Glayre (1788-1876)
Cette jeune fille de bonne famille passe sa jeunesse entre Romainmôtier et Lausanne où son père possède aussi des maisons et même une vigne à la Vuachère. Elle vient parfois au château d’Arnex, qui semble être plutôt une résidence de vacances où les Glayre rencontrent parfois la famille de Joffrey.

En décembre 1809, Mlle Suzanne Glaye épouse Charles-Antoine de Lerber. Qui pourra nous dire par quel mystère P.-M. Glayre, grand défenseur de l’indépendance vaudoise, accorde la main de sa fille à un patricien bernois dont un des oncles fut bailli de Romainmôtier de 1762 à 1768 ? Selon une note de Maurice, le fils de Suzanne, c’est lors d’une visite souvenir chez M. Roland à Romainmôtier que le jeune Charles de Lerber fait la connaissance de sa future épouse.
Comme Suzanne est très attachée à ses parents, le contrat de mariage stipule que :
Mademoiselle l’Epouse ayant manifesté le vœu de ne pas se séparer de ses chers parents, Monsieur son époux s’engage de se conformer à ses désirs et de ne pas exiger d’elle de quitter leur maison avant que ses parents ne le désirent eux-mêmes.
Elle finit tout de même par habiter durant quelques années la ville de Berne où son Charles-Antoine exerce d’importantes fonctions politiques et possède une belle maison à la Junkerngasse 43.
Charles Antoine de Lerber (1784-1837), époux de Suzanne, sera Landammann du canton de Berne en 1831 et avoyer en 1833. Il fonde la Banque cantonale bernoise et la Société suisse pour l’assurance du mobilier, future La Mobilière. Il reçoit la bourgeoisie de Romainmôtier en 1809. Avec Suzanne, ils ont deux enfants : Charles Maurice (1811-1895) et Sophie Wilhelmine (1820-1839) décédée à 19 ans.

Suzanne et Charles réalisent plusieurs améliorations importantes au château d’Arnex :en 1823, c’est l’achat de la parcelle en Pré Macherex à l’hoirie de Joffrey. Cette parcelle permet d’agrandir le jardin et de créer le Chemin neuf : avec l’accord du Conseil général d’Arnex, un chemin de 14 pieds de large est construit côté vent pour remplacer la dévestiture qui descendait juste en face du château.

Achat de la parcelle En Pré Macherex permettant la création du Chemin neuf vers 1825

En 1825, une nouvelle grange est édifiée ; il s’agit d’un agrandissement du rural avec la création d’une seconde grange et écurie côté Jura, le tout surmonté par une nouvelle charpente. Les frères Addor de Mathod établissent les plans et un devis, mais les travaux sont finalement attribués à Jacob Troesch, charpentier d’Arnex.
Un petit étang est créé à côté des peupliers, ainsi qu’un bassin rond, qui figurent dans les plans de 1865 et sur une peinture non datée reproduite au début du chapitre.
En 1836 est installée la fontaine de la cour extérieure.

Par rapport au plan de 1809, celui de 1865 montre les changements suivants : la création de deux petits étangs, l’agrandissement de la grange de 1825, la fontaine de 1836, le Chemin neuf et la suppression de la dévestiture vers l’étang rond.
En 1868, la Compagnie de chemin de fer de Jougne à Éclépens achète des terrains à la famille de Lerber pour construire la gare d’Arnex (comme on l’a vu au chapitre « Chemins de fer »).

Le domaine et les vignes du château
Il existe aux Archives cantonales un plan des vignes de 1812 avec la liste des vignerons et des parcelles et un fort joli plan du domaine de 1813.

Arnex 1810

Arnex vers 1813

Les vignes sont situées aux Chapons, à la Grand Vigne, en Fraicu, à la Gozelaz, aux Ouches Baudaz, au Cerbey, à la Cure, en Tollion, à la Menoudiaz, au Passoir Monnet, à la Capite, à la Mendrolaire, sous la Haye, à la Lyonne, à la grande Ferrire, à la Pétausaz, à la Plantée, aux Adoux, en Fiche Feu.
Si le domaine agricole est géré par un fermier, les 8 à 9 ha de vignes du château sont cultivés par les agriculteurs du village. Parmi la douzaine de vignerons travaillant sous contrat en 1812 avec Pierre Maurice Glayre, on trouve Abram et Rodolphe Baudat, Samuel Lavenex, François Conod, Jean-Jaques Bovet, Etienne Tachet, Abraham et Benjamin Monnier, Charles Werren, Isaac et François Gauthey.
Pour leur travail, les vignerons touchent la moitié de la récolte. On trouvera plus de détails dans le chapitre consacré aux vignes sur le contrat du 11 novembre 1822 signé par Jean-Victor Lavenex avec Charles de Lerber. Un Jean-Victor qui ne se doutait pas que son arrière-petite-fille Jeanne Morel-Lavenex serait un jour, avec Émile, propriétaire du château…

En 1861, la Municipalité projette de construire une route reliant le village au Marais, en passant par Duret, puis au bas des vignes, un chemin réalisé finalement en 1864 et appelé encore parfois « La Route Neuve ».
Sollicitée pour donner son accord, Suzanne de Lerber-Glayre répond:
Certainement la route dont vous faites mention sera d’un grand secours et d’une grande utilité pour les habitants d’Arnex particulièrement, car sauf un pré et le bas des vignes, nous n’avons pas beaucoup de fonds sur cette route.
Comme du reste on doit s’interroger au bien général tout autant que pour des intérêts particuliers, je ne refuserai pas de me joindre à ceux qui s’aideront à cette construction.
Si notre domaine d’Arnex avait eu depuis bien des années des fermiers qui eussent rempli convenablement leurs devoirs et leurs obligations, il y aurait eu quelque jouissance et profit à augmenter les facilités de culture.
Les vins d’Arnex n’ont plus le débit, ni la réputation d’autrefois, les ventes sont très difficiles.
Le domaine grâce à la détestable administration s’est détérioré de plus en plus.
Je dois dire que depuis la mort de Monsieur de Lerber je n’y ai trouvé ni profit, ni plaisir et seulement des pertes et des désagréments de tout genre.
Vous me direz Messieurs, avec raison, que cela ne vous regarde pas, mais je dois le dire, ce ne sont pas des étrangers à la commune, mais bien des gens d’Arnex même qui l’ont si bien administré.
Ce n’est point pour me plaindre, mais pour motiver le peu d’intérêt que naturellement je prends toujours moins à cette propriété que si je n’avais pas été découragée et ennuyée, j’aurais aimé tenir en bon état et en bon ordre.
On voit qu’en 1861, Suzanne n’est satisfaite ni de ses fermiers, ni de la gestion de son domaine d’Arnex. Elle a 73 ans, et son mari est mort en 1837 déjà.

Maurice de Lerber, le fils de Suzanne et Charles
Charles-Maurice de Lerber (1811-1895)  n’a sans doute pas beaucoup habité Arnex, mais il faut citer ce fils de Suzanne et de Charles, industriel dont les activités sont décrites dans L’Histoire de Romainmôtier et qui fut aussi député au Grand Conseil. Voici un résumé de ses diverses entreprises :
1837 Nouvelle scierie.
1835 Briqueterie et fabrique de tuyaux. Fonderie. Construction de pompes à incendie (Grandvaux en possède encore une en vitrine !).
1865 180 ouvriers.
1878 Fermeture de la fabrique.
1890 Son beau-fils Henri Jaccard-de Lerber reprend les activités avec d’autres productions : moteurs, roulements à bille, etc.
1895 Fourniture d’électricité au bourg de Romainmôtier.

La famille de Maurice de Lerber
Maurice a cinq enfants de Madeleine Bratschi, de La Lenk, qu’il n’a pourtant pas épousée :
1863 Marie, née à Savigny le 15 septembre ; elle épousera César-Emile Bonard, notaire à Vallorbe.
1864 Françoise, née à La Lenk le 1er novembre ; elle épousera Louis-Constant Golay.
1866 François-Charles, né à Romainmôtier le 22 septembre ; il décède en 1934.
1868 Louise, née le 28 septembre à Romainmôtier ; elle épousera Marc-Emile Jaccard.
1869 Justine, née le 28 décembre à Romainmôtier ; elle épousera Henri Jaccard.
Les trois premiers enfants, nés Bratschi, ne seront reconnus par leur père qu’en juillet 1870.
A 66 ans, le 23 octobre 1877, Maurice épouse en l’église d’Agiez Jeanne-Marie Edwig Kricheldorf, institutrice née à Potsdam. Sur cet acte de mariage, Maurice est noté célibataire… Qu’est devenue Mlle Bratschi ? Il n’y a plus de traces d’elle dans les archives de famille.
Maurice, lui, décède le 22 mai 1895 à l’âge de 84 ans.
Henri Jaccard tente de remettre en activité la briqueterie de son beau-père, mais la matière première est devenue trop difficile à extraire. Il crée alors une usine mécanique pour produire des moteurs, des roulements à billes et occupe jusqu’à 80 ouvriers, mais sans grand succès, et, en 1907, le manque de capitaux le contraint à fermer l’usine.

Charles de Lerber (1866-1934), fils de Maurice et de Madeleine
Il épouse Lina Jenny née Chevalier (1863) à Croy. Ils habitent quelques années à Arnex où naissent la plupart de leurs enfants, dont on sait peu de choses. Quand la famille liquide la propriété en 1918, ce sont trois de ces enfants qui sont désignés comme vendeurs sur l’acte de vente :

  1. Antoine Maurice Henri à Lausanne, né le 10 mai 1894, enseveli à Croy en 1970 ;
  2. Charles Maurice à Malagny, né le 7 octobre 1895, paysan dans le pays de Gex ;
  3. Suzanne Louise à Leysin née le 3 décembre 1896.

Mais Charles a d’autres enfants, cités dans le Schweizerisches Geschlechtbuch de 1910 et par von Rodt :

  1. Lina Marie (4.1.1898 - 3.2.1898) ;
  2. Charles (24.5.1899 - 25.1.1901) et son jumeau Henri, qui vivra plus longtemps ;
  3. Emma (1903-1923) ;
  4. Frédy (3.3.1905- ?) noté en tant que cordonnier à Lausanne.

Au début du XXème siècle, la situation de la famille de Lerber se détériore. Plusieurs champs et vignes sont vendus petit à petit aux agriculteurs du village et finalement, le 28 septembre 1918, le reste de la propriété fait l’objet d’une grande mise aux enchères. Pour en faciliter la vente, toutes les grandes parcelles sont morcelées
Signalons que, lors de cette vente, le pasteur Tüscher d’Orbe s’est intéressé au château d’Arnex pour y installer l’asile de vieillards de Montcherand. Il sollicite l’appui moral de la Municipalité, mais cette dernière répond qu’elle ne soutient pas ce projet : l’asile se fera donc plus tard à Ballaigues.
Louis Morel saisit cette occasion pour devenir propriétaire du château avec une partie des prés alentour.

De 1918 à nos jours, la famille Morel
Cette famille est originaire de Marnand dans la Broye. Louis-Daniel (1819-1890), né à Vers-chez-Savary, âgé de 24 ans, est nommé à Arnex comme instituteur en été 1843, après l’avoir été à La Chaux-sur-Cossonay de 1840 à 1843.
Sa première femme, Jenny Marrel, qui décède en 1846, lui donne deux enfants, dont Eugène, né en 1841, qui émigre aux États-Unis après un bref séjour à Sétif en Algérie chez son oncle Isaac.
D’un second mariage avec Françoise Monnier dite Fanchette, naissent six enfants.
C’est l’un d’eux, Louis (1854-1922), qui en septembre 1918 achète le château et les prés alentour (environ 1.7 ha) à la famille de Lerber. D’autres parcelles ont déjà été achetées auparavant, entre 1899 et 1917, aux héritiers de Maurice de Lerber, en particulier des vignes à la Mandrolaire et à la Grand Vigne. Au long de son existence et grâce aussi aux biens de sa femme Elise Monnier (fille de Jaques-Louis dit Jean), Louis Morel constitue un joli domaine de 3.9 ha de vignes et 14.4 ha de prés et de champs. Il possède, selon son assurance-incendie de 1919, quatre chevaux, dix-sept vaches et génisses, cinq chars et 6’000 litres de vin en tonneaux.
Mais le domaine se révèle insuffisant, car tous ses fils désirent devenir paysans. La plupart vont donc s’expatrier dans le Sud-Ouest de la France :

  1. En 1920, Louis et Jean achètent le domaine du Moura et, en 1927, Jean achète Borde.
  2. Albert les rejoint en 1931 à la Pouche.
  3. Lucien achète Pars en 1932.
  4. Leur neveu Jean Martin, fils d’Elisa, achètera aussi un domaine en 1939 à Rubens près de Nogaro.

À la mort de son père Louis en 1922, Emile Morel (1889-1945) lui succède avec son frère Albert, qui cède sa part en 1931 lors son départ en France.
Au décès d’Emile en 1945, Charles et Frédéric reprennent le domaine et les bâtiments qui sont partagés en 1950, puis repris par Raymond et Pierre.
Les différents appartements sont rénovés et une partie des ruraux transformée en caves et pressoir. Mais l’allure générale du bâtiment principal s’est peu modifiée depuis 1668.

Tous les renseignements ci-dessus sont tirés de l'ouvrage de Charles-Louis Morel "Arnex-sur-Orbe un village, ses habitants, au fil des siècles" Editions de la Thielle Yverdon 2008

livre sur Arnex

Ce livre est à disposition chez M. Charles-Louis Morel

Bibliographie

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